
Face à la nette aggravation de la situation financière, opérationnelle et sociale d’Air Sénégal les délégués du personnel d’Air Sénégal sonnent l’alerte. Dans un communiqué en date d’hier vendredi 24 octobre, ils relèvent que la dérive financière est désormais palpable au quotidien : trésorerie exsangue, retards de salaires, menaces des fournisseurs et perte de confiance des partenaires et clients.
Les délégués du personnel d’Air Sénégal sonnent l’alerte face à la nette aggravation de la situation financière, opérationnelle et sociale d’Air Sénégal. « Les données révèlent une dette colossale, se chiffrant désormais en centaines de milliards de FCFA. Elle concerne essentiellement les fournisseurs, partenaires financiers et sous-traitants. Cette dérive remonte historiquement aux choix d’achats d’avions opérés à l’encontre des recommandations du Business Plan initial. Mais aussi, une frénésie suspecte d’affrètements d’avions ACMI (location avec équipage) dans des conditions souvent désavantageuses. En avril 2025, la Direction dénonçait cette pratique qui aurait déjà couté plus de 60 milliards FCFA », fustigent-ils dans un communiqué qui nous est parvenu hier, vendredi 24 octobre. Paradoxalement, ajoute la source, cette même Direction continue d’entretenir un niveau de location élevé. « La dérive financière est désormais palpable au quotidien : trésorerie exsangue, retards de salaires, menaces des fournisseurs et perte de confiance des partenaires et clients. Une flotte désorganisée. En aout 2024, Air Sénégal exploitait 4 avions opérationnels sur une flotte de 8. Aujourd’hui, un seul appareil, de type ATR72, est en service. Les décisions managériales ont conduit à une désorganisation totale de la flotte. Les deux Airbus A330-900 NEO, jadis symboles du prestige d’Air Sénégal, sont immobilisés au sol — l’un à Dakar, l’autre à Rome — depuis plusieurs mois, faute de moyens pour financer leur maintenance et honorer les échéances du prêt ayant servi à leur acquisition », rapporte le communiqué. Selon les délégués du personnel, les équipes ne disposent pas d’objectifs clairs ni d’indicateurs précis pour évaluer les progrès accomplis. « Ce déficit de cohésion complique la mobilisation du personnel et freine la dynamique interne, pourtant essentielle au bon fonctionnement d’une entreprise de transport aérien. L’incompréhension se retrouve également dans les choix de développement du réseau. La fermeture des lignes vers l’Afrique centrale et l’Europe du Sud demeure difficile à justifier, ces marchés ayant historiquement été favorables », lit-on dans le document. L’organisation souffre de maux visibles qui freinent la mise en place d’une véritable culture de la performance et constituent un surcout économique difficile à justifier dans ce contexte.
« Douze postes ayant rang de direction. Nominations sans procédure transparente d’appel à candidature. Cumuls de fonctions limitant l’efficacité opérationnelle. Suspicions de népotisme. Recrutements externes partisans en période de baisse de l’activité. Réorganisations aléatoires dont les objectifs ne sont pas expliqués au personnel. Un climat social délétère L’absence de règlement intérieur, de procédures et le déficit de formation exposent les travailleurs à des sanctions abusives, prises au gré des humeurs, sans consulter les délégués du personnel », détaille-t-on dans le communiqué. Pour eux, la relance d’Air Sénégal passera impérativement par un état des lieux rigoureux des erreurs de gouvernance présentes ou passées, afin d’en tirer les leçons et d’éviter leur répétition. Face à la gravité de la situation et à l’absence d’un dialogue social efficace, les délégués du personnel d’Air Sénégal comptent solliciter très prochainement une audience auprès de l’Autorité de Tutelle, afin de présenter des propositions concrètes pour l’avenir de la compagnie nationale.
NDEYE AMINATA CISSE










