Atténuer la résistance aux antimicrobiens, une étape cruciale pour sauver les nouveau-nés : il reste encore beaucoup à faire

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(sciencedirect.com)

La naissance d’un enfant promet une vie saine, mais la septicémie néonatale et la résistance aux antimicrobiens (RAM) qui lui est associée mettent en péril son bien-être. La RAM constitue une menace imminente pour l’atteinte d’un taux de mortalité infantile à un chiffre, en particulier dans les pays à revenu faible et intermédiaire. On estime que 1,3 à 3,9 millions de cas de septicémie néonatale surviennent chaque année dans le monde et que la septicémie reste une cause majeure de décès néonatal.1

Les défis sont la multiplication des agents pathogènes résistants aux médicaments en l’absence d’antibiotiques efficaces, la mise en œuvre d’une utilisation rationnelle des antibiotiques dans un contexte de surprescription, les lacunes réglementaires, l’amélioration des pratiques d’hygiène et la prise en charge des populations vulnérables vivant dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Ces personnes sont les plus touchées par la septicémie, mais disposent de ressources limitées, ce qui contribue à une proportion importante des décès néonatals.

Il existe un manque d’analyses exhaustives sur l’incidence du sepsis néonatal et le fardeau de la RAM dans les cas de sepsis, soit en raison de différences dans la définition du sepsis néonatal, soit en raison du manque de clarté des méthodes utilisées. De plus, la plupart des études se limitaient aux hôpitaux de soins tertiaires, et les hôpitaux de niveau inférieur étaient généralement inexplorés. 2 , 3 Cette lacune dans les connaissances a été adéquatement comblée dans ce numéro de la revue Lancet Global Health par Kajal Jain et ses collègues. 4

Français L’Inde, après avoir constaté le succès de son premier modèle d’unité spéciale de soins néonatals (SNCU) à Purulia (en 2005) dans la réduction de son taux de mortalité infantile, a établi une chaîne de SNCU dans les districts du pays situés dans de petites villes urbaines traitant 1,4 million de bébés par an en leur fournissant des soins de santé de niveau secondaire assurés. 5 , 6 L’Inde est un grand pays et il existe des différences nettes dans les indicateurs de santé entre ses différents États. Pour rendre l’étude représentative, cinq hôpitaux de district de différentes régions de l’Inde ont été inclus pour évaluer l’incidence du sepsis néonatal, les agents pathogènes à l’origine du sepsis et leurs profils de RAM.

L’étude a utilisé une dyade hôpital de district-site tertiaire, dans laquelle l’hôpital de soins tertiaires a fonctionné comme mentor et a fourni des installations d’hémoculture et des tests de sensibilité aux antibiotiques. Étant donné que les unités de soins intensifs néonatals (USIN), contrairement aux unités de soins intensifs néonatals (USIN), prenaient en charge des nouveau-nés malades présentant une criticité moindre, on supposait que le répertoire des agents pathogènes responsables du sepsis serait différent et que les taux de résistance aux antimicrobiens seraient plus faibles. Au contraire, les agents pathogènes isolés des USIN étaient similaires à ceux des USIN, notamment Klebsiella pneumoniae, Escherichia coli et Enterobacter spp. Environ 75 % des isolats étaient multirésistants, la résistance aux médicaments souvent considérés comme un dernier recours, comme les carbapénèmes. Ce résultat concorde avec des études antérieures sur le sepsis néonatal, telles que NeoOBS, NeoAMR et BARNARDS, qui portaient principalement sur des hôpitaux de soins tertiaires. 3 , 7 , 8

Quelques observations issues de cette étude, mises en parallèle avec les précédentes, soulignent la nécessité d’améliorer les politiques de mise en œuvre existantes si l’on souhaite sauver davantage de nouveau-nés. La première est la disponibilité d’installations d’hémoculture et de microbiologie dans les hôpitaux de niveau inférieur, où l’incidence du sepsis et les taux de résistance y sont extrêmement élevés. Le délai nécessaire au diagnostic, à la mise en place d’un traitement approprié et à la désescalade ultérieure du traitement sur la base des résultats des cultures peut renforcer la confiance des cliniciens dans la réduction de la surconsommation ou de l’abus d’antibiotiques. Si les contraintes de ressources empêchent la création immédiate de telles installations, la meilleure solution consiste à transporter les flacons d’hémoculture vers l’établissement le plus proche disposant de l’infrastructure requise, selon le modèle en étoile ou en dyade décrit dans l’étude. Le centre avancé peut alors guider les hôpitaux de niveau inférieur reliés. Le rôle de la prévention et du contrôle des infections, tant dans les salles de travail des hôpitaux que dans les unités de néonatalogie, et de la gestion des antimicrobiens en fonction des profils de sensibilité locaux ne saurait être sous-estimé. La saturation des unités de soins intensifs néonatals, le manque de personnel qualifié et les conditions chaudes et humides exercent une pression sur les mesures de prévention et de contrôle des infections. Le renforcement de la surveillance hospitalière, notamment de l’air, de l’eau, des surfaces, des équipements et des désinfectants, pourrait constituer une stratégie efficace de contrôle des infections. L’amélioration des soins en établissement, par exemple en autorisant la mise à disposition de lits d’hôpital et de personnel qualifié, peut améliorer la santé des nouveau-nés. Bien que les efforts actuels de développement de vaccins maternels contre les agents pathogènes responsables du sepsis soient appréciés, la transmission de gènes RAM entre espèces bactériennes au sein de l’établissement de santé peut entraîner la naissance de nouveaux micro-organismes résistants aux médicaments, menaçant ainsi ces efforts.

Français Les plans d’action mondiaux et nationaux contre la RAM doivent intégrer des directives détaillées adaptées exclusivement aux soins néonatals. 9 Les lignes directrices de l’OMS pour le traitement empirique du sepsis néonatal recommandent toujours l’ampicilline et la gentamicine, alors que des études ont montré que dans les pays à revenu faible et intermédiaire, cette combinaison nécessite un changement urgent. Le programme de recherche mondial sur la RAM en santé humaine a défini des domaines de recherche pour améliorer la santé néonatale, qui comprennent des études visant à optimiser le traitement antibiotique empirique et le développement de tests rapides au point de service pour une utilisation dans les environnements à ressources limitées. 10 La recherche visant à identifier les lacunes et à trouver des solutions, soutenue par des fonds, contribuera indéniablement à améliorer les systèmes de santé. Bien qu’il reste du chemin à parcourir, chaque petit effort compte.

SB a reçu un financement de recherche du Conseil indien de recherche médicale pour mener des études sur le sepsis, ainsi qu’une bourse de voyage pour assister et présenter ses travaux de recherche à la 33e conférence de la Société européenne de microbiologie clinique et des maladies infectieuses (Copenhague, Danemark, 2023). AKS ne déclare aucun conflit d’intérêts.

 

Sulagna Basu ; Arun K Singh

Références

 

 

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