Bassin versant du Lac Rose : DPGI lance un Plan de Prévention pour éviter la «bombe urbaine»

La Direction de la Prévention et de la Gestion des Inondations (DPGI), en collaboration avec la Direction Générale de l’Urbanisme et de l’Architecture (DGUA) et plusieurs partenaires techniques, a tenu une réunion du Comité de pilotage pour la validation du Plan de Prévention du Risque d’Inondation (PPRI) du bassin versant du Lac Rose.
Ce document stratégique, élaboré avec l’appui du groupement CEPIA Conseil et GAU2D, concerne les communes de Sangalkam, Bambilor et Tivaouane Peulh-Niague, dans le département de Rufisque (Dakar). Il constitue la phase pilote d’une série d’outils de planification urbaine destinés à renforcer la résilience des villes sénégalaises face aux inondations. La rencontre s’inscrit dans le cadre du Projet de Gestion Intégrée des Inondations Urbaines au Sénégal, financé par l’Agence Française de Développement (AFD).
Depuis près de cinq (5) ans, la Direction de la Prévention et de la Gestion des Inondations (DPGI) et ses partenaires travaillent sur deux leviers essentiels : les Plans de Gestion des Risques d’Inondation (PGRI) et les Plans de Prévention du Risque d’Inondation (PPRI). Les cartographies réalisées ont permis d’identifier 26 territoires à risque élevé à travers le pays, de repérer les réseaux hydrographiques existants et dormants, et d’élaborer des PGRI déjà opérationnels dans plusieurs localités telles que Touba, Dakar, Kaolack, Kaffrine et Kédougou. Les PPRI, élaborés en collaboration avec le ministère de l’Urbanisme, viennent compléter ce dispositif à travers trois composantes : une carte d’aléa, une carte de zonage, et un règlement précisant les normes de construction et de lotissement dans les zones à risque.
PLUS DE 3500 PERSONNES EXPOSEES AU RISQUE D’INONDATION DANS LE BASSIN DU LAC ROSE, AVEC DES DEGATS EVALUES A PLUS DE 4 MILLIARDS
Concernant le bassin versant du Lac Rose, le Directeur de la DPGI a rappelé que cette zone est l’une des plus vulnérables du pays en raison de la pression foncière et de la croissance démographique rapide. Les études menées montrent une explosion de l’urbanisation notamment dans les communes voisines du pôle urbain et site touristique : +504% à Sangalkam, +300% à Bambilor et +150 % à Tivaouane Peulh-Niague en quelques années.
«Sans action rapide, la zone risque de devenir une bombe urbaine, à cause du développement anarchique», a-t-il averti, avant de saluer la mobilisation des structures publiques et parapubliques telles que la CDC, la SN-HLM, la SICAP et la SAFRU.
Selon les estimations de la DPGI, plus de 3500 personnes sont actuellement exposées au risque d’inondation dans le bassin du Lac Rose, avec des dégâts évalués à plus de 4 milliards de francs CFA.
Pour Aminata Wane, Directrice de la Planification urbaine et de la Réglementation à la DGUA, le PPRI constitue avant tout un instrument d’aide à la décision. «Nous ne pouvons pas parler de la problématique des inondations sans évoquer la question de la planification urbaine. Nous évoluons aujourd’hui, dans un contexte d’urbanisation galopante, souvent peu encadrée, avec un faible taux de couverture en documents de planification au niveau des collectivités territoriales», a-t-elle expliqué.
Elle précise que le PPRI permettra de libérer les voies d’eau, réglementer les constructions dans les zones exposées et orienter durablement le développement des territoires. «C’est un document stratégique qui favorise une meilleure appropriation des enjeux liés aux inondations et promeut une approche proactive dans l’encadrement du développement urbain», a-t-elle ajouté.
AU PLAN NATIONAL, BAISSE DES COTES D’ALERTE SUR LA PLUPART DES FLEUVES, SAUF A MANANTALI – TOUBA, PLUS DE 5 MILLIONS DE M³ D’EAU ENCORE A GERER
Au plan national, la DPGI constate une stabilité générale de la situation hydrologique. Les cotes d’alerte sont en baisse sur la plupart des fleuves, sauf à Manantali, où le niveau reste élevé, autour de 870 mètres. À Kidira, Matam et Podor, les niveaux demeurent inférieurs aux seuils critiques. Cependant, certaines zones urbaines continuent de poser problème, notamment Touba, où plus de 5 millions de m³ d’eau se sont accumulés dans des secteurs comme Feteu et Kawsara-Fall.
Les opérations de pompage, déjà engagées, ont permis d’évacuer une grande partie des eaux stagnantes. «Là où les motopompes ont été installées, les eaux sont épuisées. Nous redéployons maintenant les pompes en profondeur pour terminer en beauté l’épuisement des zones critiques», a précisé le Directeur, avant de lancer un appel à la mobilisation communautaire : «L’État a mis des moyens à disposition : du carburant et des motopompes. Il faut maintenant que les acteurs locaux s’impliquent pour soulager les ménages encore touchés.»
La validation du PPRI du bassin versant du Lac Rose constitue une avancée majeure pour le Sénégal dans la construction de villes résilientes et intelligentes, conformément à la vision du président de la République. Ce processus s’appuie sur la cartographie des risques, la réglementation urbaine et la responsabilisation des Collectivités territoriales (gouverneurs, préfets, maires).
Le Directeur de la DPGI a insisté sur le rôle des élus locaux dans le contrôle du lotissement et de la construction. «Les maires doivent s’assurer que le développement de leurs communes se fasse dans le respect des zones de risque et des servitudes publiques.»
Moussa THIAM










