Budget 2026 du Sénégal : l’État accélère la consolidation budgétaire

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Avec un déficit ramené à 5,37 % du Produit Intérieur Brut (PIB) et une croissance attendue à 5 %, le projet de Loi de Finances 2026 traduit la volonté du gouvernement d’allier assainissement des comptes publics et relance de l’économie nationale.

 Le Projet de Loi de Finances (PLF) 2026 repose sur un ensemble d’hypothèses économiques prudentes, mais optimistes. Le déficit budgétaire est arrêté à 5,37 % du PIB, avec un objectif clair : atteindre 3 % dès 2027, conformément aux critères de convergence de l’Union Economique Monétaire Ouest Africaine (UEMOA). La croissance du PIB est projetée à 5 %, portée principalement par le secteur primaire (+6,1 %), le tertiaire (+5,4 %) et, dans une moindre mesure, le secondaire (+2,9 %).
Hors agriculture et hydrocarbures, la croissance devrait atteindre 5,5 % en 2026 contre 3,7 % en 2025, illustrant un dynamisme retrouvé du tissu productif.

« Le budget 2026 traduit un équilibre entre discipline et relance, avec un effort particulier sur les recettes internes », fait savoir le ministère des Finances. Le déflateur du PIB est estimé à 2 %, en hausse par rapport à 0,9 % en 2025, sous l’effet des mesures fiscales du Programme de Redressement Économique et Social (PRES), notamment la taxation des services de mobile money.
Enfin, le taux de pression fiscale progressera sensiblement, passant de 19,3 % à 23,2 %, signe d’une mobilisation accrue des ressources internes.

Des recettes en forte progression

Les recettes totales sont projetées à 6 188,8 milliards de FCFA, contre 5 014,3 milliards en 2025, soit une hausse de 1 174,5 milliards (+23,4 %). Dans le détail, les recettes du budget général atteignent 5 932,2 milliards de FCFA, dont les recettes fiscales pour 5 384,8 milliards, en hausse de 1 025,2 milliards par rapport à 2025, portées par les mesures du PRES (703,6 milliards) et les impôts et taxes sur les marchés extérieurs (269 milliards) ; les recettes non fiscales et diverses : 355,9 milliards, dont 59 milliards issus du PRES ; les dons-projets pour 145,2 milliards, en recul de 54,8 milliards ; et dons budgétaires pour 46,3 milliards, provenant principalement de l’AFD, de la JICA, de la KfW et de l’Union européenne.

« L’élargissement de l’assiette fiscale et la rationalisation des exonérations constituent des leviers majeurs de cette hausse des recettes », précise le Trésor.

 Des dépenses maîtrisées mais orientées vers l’investissement

Les dépenses totales s’élèvent à 7 433,9 milliards de FCFA, contre 6 614,8 milliards en 2025, soit une progression de 12,4 %.
Les dépenses du budget général, fixées à 7 177,2 milliards, se répartissent comme suit : Intérêts et commissions sur la dette : 1 190,6 milliards, en hausse de 258,5 milliards ; Dépenses de personnel : 1 532,8 milliards, en légère augmentation de 47,3 milliards ; Biens, services et transferts courants : 1 650 milliards, en baisse notable de 280,5 milliards, illustrant la volonté de rationaliser le fonctionnement de l’État ; Dépenses en capital sur ressources internes : 1 448,9 milliards, en forte hausse de 568,9 milliards, grâce aux recettes supplémentaires issues du PRES ; Dépenses en capital sur ressources externes : 1 355 milliards, en hausse de 188 milliards.

Cette structure traduit un rééquilibrage progressif vers l’investissement productif, moteur d’une croissance plus durable.

Comptes spéciaux et équilibre budgétaire amélioré

Les comptes spéciaux du Trésor (CST), en équilibre, atteignent 256,7 milliards FCFA, contre 219,7 milliards en 2025, soit une hausse de 16,8 %. Ils se décomposent en comptes d’affectation spéciale pour 237,98 milliards, Comptes de commerce 0,5 milliard, Comptes de prêts 13 milliards, Comptes d’avances 0,8 milliard, Comptes de garanties et avals 4,4 milliards.

Le solde budgétaire de base ressort à –81,6 milliards de FCFA, contre –678,5 milliards en 2025, signe d’une amélioration significative de la couverture des dépenses par les recettes internes. Quant au déficit global, il s’établit à 1 245,1 milliards de FCFA, contre 1 600,5 milliards précédemment, grâce notamment à une gestion plus rigoureuse des prêts projets.

Prudence et transparence dans le financement et gestion de la dette

Le besoin total de financement pour 2026 est évalué à 6 075,2 milliards de FCFA, ventilé comme suit : Amortissement de la dette 4 307,4 milliards (70,9 % du total) ; Financement du déficit 1 245,1 milliards ; Apurement des arriérés intérieurs : 300 milliards ; Emprunts rétrocédés : 172,8 milliards ; Déficit OPEX : 50 milliards.

Pour couvrir ces besoins, l’État recourra aux marchés financiers et emprunts programmes pour 4 692,6 milliards ; aux emprunts projets pour 1 209,8 milliards ; et aux emprunts rétrocédés pour 172,8 milliards.

La variation nette de l’encours de la dette est estimée à 1 767,8 milliards, correspondant au financement du déficit (1 245,1 milliards) et à l’apurement des arriérés (300 milliards).
Ainsi, le recours à l’endettement reste majoritairement destiné au remboursement du principal de la dette contractée, garantissant une trajectoire prudente et soutenable.

« Le service de la dette demeure maîtrisé, et l’essentiel des emprunts vise à amortir les échéances passées plutôt qu’à financer de nouveaux déficits », résume un analyste financier.

 

Un cap clair vers la soutenabilité

 

Le Projet de Loi de Finances 2026 consacre la volonté du Sénégal de conjuguer rigueur, transparence et investissement productif.
Avec un déficit en réduction, des recettes en hausse et une dette mieux gérée, le gouvernement pose les jalons d’une croissance maîtrisée et inclusive.

« L’effort de consolidation engagé depuis 2024 porte ses fruits. L’État couvre désormais l’essentiel de ses dépenses sur ressources internes », se félicite un cadre du ministère de l’Économie. Le budget 2026 s’impose ainsi comme un instrument de redressement et de confiance, au service de la stabilité macroéconomique et du développement durable.

JEAN PIERRE MALOU

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