Carnet de voyage – découverte du Somaliland au cœur de la 4e session du Nesw/Africa : la KAS installe les passerelles de l’unité pour le développement

0
0

A l’initiative de la Fondation Konrad Adenauer (Konrad Adenauer Stiftung – KAS), les quatre pays de l’Afrique situés dans les points géographiques des extrémités du continent se sont retrouvés en Tunisie, en 2022, sous le sigle de NEWS/Africa c’est-à-dire North, East, West and South Africa pour partager et  mutualiser leurs expériences sur les modes de gouvernance. Trois années plus tard, le Somaliland a abrité, la semaine dernière, la 4e édition sous de très bons auspices. En marge de cette session, des visites de sites ont enrichi le capital de connaissance des hôtes. Entre hautes chaînes de collines et la mer rouge, la «géhenne» du désert rampant et l’hésitation des investisseurs retardent le décollage de ce pays jusque-là non reconnu par la communauté internationale.

Cette 4e session du NEWS/Africa 2025, tenue à Hargeisa, au Somaliland, dans la corne de l’Afrique, s’est en effet penchée sur des thématiques aussi cruciales qu’actuelles. Il s’agit, entre autres, du rôle des média dans la promotion des mécanismes de bonne gouvernance, la propension de certains leaders au panafricanisme et les changements climatiques.

Les débats ont été riches et mutuellement instructifs pour les participants des pays venant des quatre points de l’extrémité du continent africain, à l’initiative de la Fondation Konrad Adenauer (FKA ou Konrad Adenauer Stiftung – KAS). Cette session, à l’exemple de celles qui ont précédé, a été riche en enseignements et découvertes de terrain. La visite du Musée national appelé  «Taarikhda» Somaliland a exhibé des facettes multiples de l’histoire de la colonisation britannique et de l’indépendance autoproclamée du Somaliland, en 1991.

Souleymane Diassy, journaliste sénégalais, fact-checkeur à Africa Check, à Dakar, participe à cette session. «Nous avons pu découvrir avec eux de nombreuses facettes de leur histoire notamment celle d’avec l’ancienne colonie britannique puis avec la guerre et l’auto proclamation de leur indépendance, en 1991, des flancs de la Somalie. Nous avons pu mettre le regard sur d’importants documents qui retracent des moments de douleur avec des scènes de bombardement et des scènes de joie de la libération. Et nous avons constaté que c’est un musée en construction», explique-t-il.

LES RESTES GEOLOGIQUES DU NEOLITHIQUE EN CHAINES DE COLLINES

Plus au Nord-Est à plus de cent kilomètres, se dresse une chaîne de collines de roches datant du néolithique de l’ancienne Ethiopie. La géomorphologie des granites et la sédimentation renseignent du temps qui y a fait son œuvre. Ce sont des pierres précieuses issues des mouvements tectoniques datant de longues dates. Soudan, un géologiste trouvé sur le site, nous explique que «ce sont des roches en granites et de bien d’autres pierres».

Professeur Kamal Ben Younes est géographe, journaliste et universitaire-chercheur tunisien. Il participe à cette conférence de Somaliland : «cette zone appartient à l’ancien empire de l’Ethiopie considéré comme berceau de l’humanité. Ce fut vraiment de bons moments de découverte de ce qui reste de l’époque néolithique».

Dans cette zone semi-désertique appelée «Las Geel», poussent des arbres rabougris à épines, sans doute pour s’adapter à cet environnement aride et hostile. Aucun point d’eau et sous un soleil brulant à son zénith, conséquence de l’absence de pluies dans cette zone depuis des lustres. Et, curieusement, des éleveurs de chameaux y mènent leur vie et dans des paillotes insalubres, mais loin des contingences des grandes villes.

BERBERA, FUTUR HUB ECONOMIQUE DU SOMALILAND

Le chemin qui mène à Berbera, la dernière agglomération qui jouxte le pied de la mer rouge, vers le golfe d’Aden, est long et bien surveillé. Le trajet est long mais sur un bitume bien revêtue par une entreprise étrangère.  Cinq check-points filtrent le passage avant l’arrivée à Berbéra. Sur place, le port en construction, le transport et le commerce tiennent le poumon de l’économie locale. Berbéra, c’est aussi un symbole de l’Islam ; en atteste la vieille mosquée des ottomans encore debout et six cents ans après avoir été abandonnée, renseignent les dignitaires de la cité.

L’Etat autoproclamé du Somaliland n’est pas reconnu par la communauté internationale. Mais, il bénéficie des investissements massifs de certains partenaires comme la DP World (Dubai port world) notamment sur sa plateforme portuaire. Il occupe une superficie de 176.120 km², pour une population estimée à 6.200.000 habitants, en bordure du golfe d’Aden, entre l’Ethiopie et le Djibouti et trois heures de vol le sépare du Sénégal.

Le Somaliland n’exerce pas de contrôle sur la partie orientale car celle-ci est sous l’emprise du Puntland. Sa population parle le somali, l’arabe et l’anglais et utilise le shilling du Somaliland comme monnaie locale mais accepte le dollar et l’euro.

Au regard du dynamisme de son économie et des perspectives d’ouverture vers le reste du monde, sous réserve de sa reconnaissance internationale, le Somaliland construit progressivement son chemin vers l’émergence. Toutefois, la corruption semble y être érigée en règle normative et constitue, sans doute, une gangrène susceptible de ralentir son développement.

MOUSSA DRAME (ENVOYE SPECIAL)

 

Leave a reply