CHEIKH SECK, syndicaliste : «une discrimination n’a pas de genre, mais…»

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S’entretenant avec des journalistes à la fin des travaux d’un atelier de sensibilisation des femmes de la région de Diourbel sur les droits des femmes avant-hier, lundi 17 octobre 2022, la présidente du Réseau national des femmes travailleuses du Sénégal (RENAFES), Fatoumata Bintou Yaffa, a plaidé pour la mise en place d’un Observatoire de non-discrimination des femmes en milieu du travail, pour lutter contre les discriminations dont sont victimes ces dernières en milieu professionnel. Interpellé sur la question, Cheikh Seck, Secrétaire général du SDT-3S-CNTS/FC et porte-parole de la F2S qui trouve qu’«une discrimination n’a pas de genre», souligne que «toute forme de discrimination dans le cadre du travail est interdite». Non sans appeler, selon le profil, à la mise en compétition des postes pour éviter les discriminations.

 

«Toute forme de discrimination est bannie par la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, mais aussi par la Constitution. Une discrimination n’a pas de genre. Toute forme de discrimination dans le cadre du travail est interdite. Une discrimination peut exister sur la base du favoritisme, parce que si aujourd’hui on parvient à définir pour chaque structure sanitaire ou chaque service, un profil de poste et que l’on mette les postes en compétition, il n’y a pas de moyen de faire de la discrimination.

Une discrimination peut être parfois positive aussi, car elle ne signifie pas favoriser, mais de donner à cette personne qui, peut-être, a la compétence, mais n’a pas la chance de pouvoir s’exprimer ou demander un poste. Il arrive aussi parfois dans des questions de responsabilité. Les femmes sont plus actives dans les organisations syndicales, elles font beaucoup de travail, elles mobilisent. Mais dès qu’il s’agit de prendre des postes, elles reculent pour la plupart du temps. À chaque fois que vous les interrogez, elles disent qu’elles sont des mères de famille ou n’ont pas assez de temps ou alors elles ont des contraintes de famille…

C’est à ce niveau que la contrainte est beaucoup plus pesante, parce que vous êtes une femme, vous ne pouvez pas rester à une certaine heure, surtout des heures tardives, pour des réunions syndicales, alors que vous devrez vous occuper de votre mari, de vos enfants. Il n’y a pas de problème si vous avez un mari très compréhensif ; dans cas contraire, vous risquez d’avoir des difficultés pour le faire. Donc, il arrive parfois que des femmes aient des compétences, mais c’est elles-mêmes qui s’empêchent d’occuper des postes de responsabilité.

Alors, si on veut réellement régler le problème, on doit miser sur la définition. Ce n’est pas une discrimination envers les femmes ou les hommes. On peut dire autant en affirmant que dans certaines zones, on donne beaucoup plus de postes aux femmes. Par exemple, ici, dans la région de Dakar, le médecin-chef régional de Dakar est une dame et l’écrasante majorité des districts ou centres de santé sont dirigés par des femmes médecins. Actuellement, le ministère de la Santé et de l’Action sociale est dirigé par une dame, la Direction des Ressources humaines du même ministère est dirigée par une dame, la Direction des Etablissements publics de santé, qui dirige l’ensemble des hôpitaux, est dirigée par une dame. Les postes stratégiques sont donc dirigés par des femmes. Est-ce que là-bas aussi on peut dire qu’il y a une discrimination contre les hommes ? Je ne le pense. Je considère qu’aujourd’hui, si les gens se définissent, c’est peut-être par rapport à la compétence de la personne. Je pense que le débat devrait être posé beaucoup plus sur le profil de poste et de mettre en place les postes en compétition.»

 

Propos recueillis par

Papa Moussa CAMARA (Stagiaire)

 

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