Dieu que c’est dur d’être faible ! Par Fadel Dia

0
4

On peut voir dans les médias, des plus influents aux plus anodins, les images de la libération des otages israéliens, depuis les préparatifs précédant leur sortie jusqu’à l’attente fébrile de leurs familles et à l’accueil délirant qui leur est réservé dans la rue et dans leur intimité, et jusqu’au dispositif mis en place pour leur assurer les soins nécessaires à leur rétablissement. Ils sont une vingtaine, leurs souffrances, leur identité, leur parcours… sont portés à a connaissance de l’opinion, leur résilience et leur courage sont célébrés.

En revanche, et même dans les pays arabes, il n’y a rien ou presque sur les otages capturés à Gaza, dont des mineurs, ou sur les détenus des prisons israéliennes rendus à leurs familles après quelquefois des dizaines d’années d’isolement. Parce que l’armée israélienne a poussé la mesquinerie jusqu’à interdire à leurs familles de fêter leur libération, que la presse qui aurait pu relater leur calvaire reste interdite à Gaza et sévèrement filtrée en Cisjordanie et parce que tout simplement ils ne méritent pas la même « pleurabilité » que les Israéliens.

Dans son discours exalté face aux députés israéliens Donald Trump n’a pas eu un seul mot de compassion pour les 67173 Palestiniens morts sous les bombes israéliennes (non compris ceux sont les corps sont sous les ruines), dont 20179 enfants et 10427 femmes, ni pour les 169780  blessés, dont certains handicapés à vie, ni pour les 567 aides humanitaires, les 376 membres du personnel de l’ONU et les 254 journalistes tués par l’armée israélienne, en connaissance de cause puisqu’ils portaient des signes distinctifs.

Les autorités israéliennes et la presse font état des conditions difficiles dans lesquelles ont été détenus les otages israéliens pour souligner la barbarie du Hamas. Pourtant ces otages sont sur pied et personne ne s’est interrogé pour savoir par quel miracle, voire au prix de quels sacrifices, leurs geôliers ont réussi à les sustenter tant bien que mal dans un territoire où toute entrée d’aide alimentaire avait été suspendue, où sévit la famine et où des milliers d’enfants sont morts faute de nourriture !

Autorités israéliennes et médias du monde ont déploré la maltraitance qu’auraient subi les otages israéliens, mais très peu  d’observateurs ont jugé nécessaire de rapporter les conditions de détention des Palestiniens de tous âges, frappés, humiliés, quelquefois ligotés .Dans quel autre pays au monde a-t-on vu un ministre aller rendre visite à un prisonnier, dans sa cellule, juste pour le plaisir de l’insulter et de l’humilier ?C’est pourtant le sort qui a été réservé à Marwan Barghuti (62 ans) surnommé le «  Mandela Palestinien »,qui  n’est pas un terroriste et avait toujours refusé de s’attaquer aux populations civiles !

Bref, la hantise de Judith Butler d’un monde gouverné par la valeur inégale des vies humaines est devenue une réalité. Ce n’est donc pas un hasard que cette enseignante juive qui avait commis le crime d’affirmer que les attaques du Hamas étaient des actes de résistance, ait été exclue de l’université de Berkeley, à l’instigation de Donald Trump.

Dieu, que c’est donc dur d’être faible !

La nouveauté c’est, qu’avant, les faibles étaient au Sud et les forts au Nord et qu’aujourd’hui il n’y a plus qu’un seul fort, a une ou deux exceptions près. Il s’appelle Donald Trump, il ne cherche pas à convaincre, il veut vaincre et ses armes sont la menace, le chantage, la force quoi ! Devant lui Zelenski, tout président qu’il est, n’ose plus porter le tee shirt noir qui est devenu sa marque de fabrique, les chefs d’état européens sont relégués à la salle d’attente du Bureau Ovale, et même son « ami » Netanyahou n’ose pas lui désobéir quand il le somme de présenter des excuses à son autre « ami », l’émir du Qatar !

Aucun chef de délégation n’a pris le risque de quitter la salle des séances de l’ONU tout au long de son insipide logorrhée au cours de laquelle il a vilipendé l’institution internationale, lui reprochant notamment d’avoir rejeté son appel d’offres, privé, pour la rénovation de ses locaux, menacé le technicien responsable de la panne des escalators, s’est livré à une attaque en règle contre le maire de Londres, parce qu’il est musulman, s’est ingéré dans la politique intérieure de plusieurs états, avant de promettre l’enfer aux Européens !

Il  réclame le Prix Nobel de la Paix, à hue et à dia, ce qui est déjà indécent, mais personne dans le monde n’ose lui rappeler que la guerre est dans la tete,que c’est de la tête qu’il faut l’extirper, qu’on ne peut pas accorder ce prix à un chef d’état dont le premier acte a été de débaptiser son ministère de la défense en ministère de la guerre, qui foule aux pieds les lois humanitaires les plus sacrées, procède à des exécutions extra judiciaires de présumés trafiquants de drogue et menace d’aller « tuer » les membres du Hamas chez eux.

Le monde vit désormais sous la hantise d’une bavure de Donald Trump et l’on pourrait dire de son arrivée au pouvoir ce que Joseph de Maistre, déçu par les excès de la Convention, avait dit de la Révolution française : ce n’est pas un évènement, c’est une époque. Et Maistre de conclure : « Malheur aux générations qui assistent aux époques ! »

 

 

 

Leave a reply