Le document préparatoire de la prochaine session du synode sur la Synodalité, prévue en octobre prochain, nous éclaire sur les fondements et les enjeux de cette démarche. Mais que signifie réellement ce terme qui est sur toutes les lèvres depuis trois ans ? Que recouvre-t-il exactement ? Et quels en sont les fondements à la lumière de l’Instrumentum laboris ? Eléments de réponse !
« Au cœur du concept de Synodalité se trouve l’idée d’une Église où tous les baptisés marchent ensemble, écoutent et discernent collectivement la volonté de Dieu». Cette analyse est du prêtre de l’archidiocèse de Dakar, Roger Gomis, qui revient sur les fondements et enjeux de la Synodalité qui doit s’ouvrir en octobre prochain. Une vision qui s’enracine dans la conception de l’Église comme Peuple de Dieu.
Pour abbé Roger, la Synodalité est un peu comme une grande famille où chaque membre à son importance. «La Synodalité ne concerne pas que l’organisation interne de l’Église. Elle a une portée missionnaire et sociale. Dans un monde marqué par les divisions, l’Église synodale peut offrir un témoignage précieux de dialogue et de recherche du bien commun. Elle montre qu’il est possible de vivre l’unité dans la diversité, de prendre des décisions de manière participative, de se soucier des plus fragiles ».
Et d’ajouter : «ce chemin n’est pas sans défis. Le document reconnaît honnêtement les difficultés et les résistances rencontrées. Il parle de la nécessité d’une véritable conversion, d’une guérison des blessures, d’une restauration de la confiance. La synodalité implique un changement de mentalité, une transformation intérieure pour adopter l’attitude du Christ».
De ce fait, il a estimé que la Synodalité ne peut être réduite à une simple méthode de gouvernance ou technique de management ecclésial. «Elle touche, en effet, à l’essence même de l’Église, impliquant une manière d’être et d’agir ensemble, fondée sur l’écoute mutuelle et le discernement communautaire. C’est précisément une dimension fondamentale de l’Église, qui découle directement de notre baptême commun qui engage chaque baptisé, qu’il soit laïc, religieux ou membre du clergé, à participer activement à la vie et à la mission de l’Église. Concrètement, cela signifie que les décisions ne sont plus le fait d’une élite, mais le fruit d’une réflexion collective», a fait savoir le prêtre.
A en croire abbé Roger Gomis, en réalité, il ne s’agit plus de penser l’Église comme une pyramide, avec une hiérarchie qui déciderait de tout, mais comme un corps vivant où chaque membre à son importance et sa contribution à apporter, sans toutefois remettre en cause la hiérarchie ecclésiale. Il indique ainsi que la Synodalité offre un cadre d’interprétation renouvelé pour comprendre le ministère des évêques et du Pape.
Un autre aspect crucial de la Synodalité reste, selon Abbé Roger, la valorisation de la diversité. «L’Église universelle est composée d’une mosaïque d’Églises locales, chacune avec ses particularités culturelles. Le processus synodal a permis de mettre en lumière cette richesse. Il ne s’agit pas d’uniformiser, mais de trouver l’unité dans la diversité. Une diversité qui s’exprime aussi dans la variété des charismes et des vocations au sein de l’Église. La synodalité invite à reconnaître et à articuler ces dons pour le bien de la mission. Cela implique une participation accrue de tous les baptisés, hommes et femmes, à la vie de l’Église», a-t-il renseigné.
Denise ZAROUR MEDANG