Le mondial de Tata

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Maillot, brassard, fanion, bandeau, écharpe, à l’effigie de l’équipe nationale, le visage peinturluré, Tata jubilait après le 3 buts à 1 face au Qatar. Pour fêter la victoire des Lions du Sénégal, Tata promit à Tons une table digne des grands seigneurs. Quant au menu, elle ne pipa mot. Elle réservait la surprise à son Roi de cœur. Petits plats dans les grands. Tata avait tiré par la manche sa petite fille, avait posé sur sa tête le panier à provisions. Direction marché Kermel, le marché des Toubabs.  Elle longea les étalages, dédaigna les carottes, les navets, les betteraves, courgettes concombre, manioc, trop ordinaire à son gout. Tons méritait mieux. Elle se dirigea vers les légumes exotiques au parfum de voyage au long cours qui avaient pour nom : topinambour, crosne, dachine. Elle se déplaça coté fruits et se laissa tenter par l’Asie. Un kilo de combava par-ci, un kilo de fruit du dragon blanc par-là, celui du  dragon rouge,  du pak choï. Tata n’avait jamais gouté ces fruits. Mais, rien que leur nom la transportait sur la rive gauche du Yang Tse kiang, le fleuve bleu.

La petite fille de Tata croulait sous le poids des victuailles. Le gros gigot débordait du panier à provision quand au coin de la rue par l’odeur alléchée, le gros chien du voisin, s’échappa des mains de son propriétaire. D’un bon Tata se trouva en haut du poteau électrique. D’une voix apeurée elle s’adressa au chien : « Kess ! kess ! »(1) . Et sa petite fille de la rectifier « Ki du guinar , xac la » (2)

Baba DIOP

1 Onomatopée pour chasser un coq

2 Ce n’est ni un coq ni une poule c’est un chien

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