Loi de finances 2026 : le gouvernement mise sur la rigueur et l’innovation pour transformer l’économie sénégalaise

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Le Projet de Loi de Finances 2026 s’affirme comme un instrument majeur de redressement économique et de gouvernance publique. Porté par l’Agenda national de Transformation, il ambitionne de concilier discipline budgétaire, équité sociale et investissement productif.

Présenté comme l’un des leviers stratégiques de la politique économique nationale, le Projet de Loi de Finances (PLF) 2026 traduit la volonté du gouvernement de refonder les bases du modèle économique sénégalais. Ainsi, donc, il s’inscrit dans la continuité de la Stratégie d’Urgence de la Phase de Redressement économique (SUPREC 2025-2028) et de la Vision Sénégal 2050.

« Le PLF 2026 marque un tournant vers un modèle économique endogène, soutenu par la rigueur financière et l’innovation », souligne un haut responsable du ministère des Finances.

L’action publique sera articulée autour de cinq priorités : la construction d’un modèle économique autonome, le développement du capital humain, la stabilité nationale, la bonne gouvernance et la promotion de l’innovation scientifique et technologique.

Un retour progressif à l’équilibre budgétaire

Face à un déficit estimé à 12 % du Produit Intérieur Brut (PIB) en 2024, le gouvernement prévoit de le ramener à 7,8 % en 2025, puis à 5,37 % en 2026, avant de converger vers la norme communautaire de 3 % en 2027, conformément aux engagements de l’UEMOA. Cette trajectoire repose sur une consolidation budgétaire stricte et la poursuite de l’apurement des arriérés de paiement, suivant une programmation compatible avec la soutenabilité financière. Parallèlement, la maîtrise de la masse salariale demeure un axe prioritaire. Des plafonds d’emplois par ministère sont instaurés, assortis d’un suivi infra-annuel, afin de garantir une gestion optimale des effectifs de la fonction publique.

Une dette mieux maîtrisée et des financements innovants

La stratégie d’endettement s’oriente vers une réduction du ratio dette/PIB à 70 % à moyen terme, conformément à la norme régionale. Le Sénégal privilégiera désormais les emprunts en FCFA et en euros, tout en diversifiant ses instruments : sukuk, diaspora bonds, partenariats public-privé et financements verts.

« Il s’agit de financer la croissance sans compromettre la soutenabilité de la dette ni les marges de manœuvre des générations futures », a précisé la Direction de la dette publique.

Un système d’information centralisé de gestion de la dette, interconnecté au SIGIF, sera déployé pour renforcer la transparence et le pilotage stratégique.

Une fiscalité rénovée pour renforcer les recettes

Afin d’accroître la mobilisation des ressources internes, le gouvernement engage une réforme fiscale ambitieuse et équitable, susceptible de générer 762,6 milliards de FCFA de recettes supplémentaires. Les principales mesures concernent sont entre autres, la taxation des jeux de hasard (300 milliards de FCFA) ; la taxe sur les services de mobile money (76,5 milliards) ; la régularisation foncière massive (100 milliards) ; le relèvement de la fiscalité sur le tabac et l’alcool ; la réactivation des droits sur certaines exportations et importations stratégiques.

Ces dispositions visent à élargir l’assiette fiscale, à mieux encadrer les nouvelles activités numériques et à garantir une contribution plus équitable des différents acteurs économiques.

 Transparence et gouvernance budgétaire

Le PLF 2026 met l’accent sur la crédibilité et la sincérité des comptes publics. Les dépenses seront désormais mieux tracées grâce à la nouvelle nomenclature budgétaire, qui requalifie les crédits auparavant regroupés sous la ligne « transferts ».

« La reddition des comptes devient une exigence démocratique et financière. Chaque dépense publique devra être justifiée et traçable », indique le Trésor public. La publication régulière des rapports d’exécution budgétaire trimestriels et des rapports annuels de performance renforcera la transparence de la gestion publique.

 

Les investissements publics une priorité à l’efficacité

 

Le gouvernement introduit un processus rénové de maturation et de suivi des projets d’investissement.
Seuls les projets alignés sur les priorités nationales et disposant d’un niveau de préparation suffisant seront retenus, afin d’améliorer le rendement économique de la dépense publique.

Au niveau territorial, le Plan Diomaye pour la Casamance illustre cette approche intégrée. Il comprend la construction de routes, d’ouvrages hydrauliques, d’infrastructures scolaires et sanitaires, dans une logique de paix durable et de relance régionale.

 

Capital humain et équité sociale au cœur du PLF 2026

 

L’éducation, la formation et la santé figurent parmi les principaux bénéficiaires du budget 2026.
L’État poursuit la construction d’établissements scolaires dans les 45 départements et prévoit le recrutement de 500 enseignants-chercheurs.
Dans le secteur de la santé, un programme de 35 centres de santé sera lancé dès janvier 2026, accompagné du recrutement de 2 500 personnels techniques et administratifs.
Une digitalisation intégrale du dossier patient est également prévue pour moderniser la gestion hospitalière.

 

Jeunesse, emploi et sport ; des leviers pour la croissance

 

Le gouvernement mise sur la formation professionnelle comme outil de réduction du chômage et d’inclusion économique. Un objectif de 35 000 jeunes insérés chaque année est fixé grâce à une collaboration renforcée entre l’État, les employeurs et les centres de formation.

Les Jeux olympiques de la Jeunesse 2026 constituent un autre chantier majeur, avec la réhabilitation du stade Iba Mar Diop, de la piscine olympique et la construction d’un complexe équestre national à Diamniadio.

 

Souveraineté, intégration et innovation

 

Les secteurs de souveraineté renforceront leurs capacités dans les domaines de la justice, de la défense et de la sécurité, avec pour objectif d’assurer la stabilité intérieure et la protection des citoyens. Sur le plan diplomatique, le Sénégal réaffirme son engagement africain et son rôle moteur dans la coopération régionale.

Dans le domaine économique, le pays poursuit sa marche vers la souveraineté alimentaire, grâce à la mécanisation agricole, la création de coopératives communautaires et le développement de chaînes de valeur locales.
L’industrie et le numérique seront soutenus par la création de parcs technologiques et par la promotion des champions nationaux.

 

Un cap clair vers la soutenabilité et la souveraineté

 

Le Projet de Loi de Finances 2026 se présente comme un outil de rigueur et de transformation. En conciliant assainissement budgétaire, mobilisation fiscale et équité sociale, il jette les bases d’un nouveau cycle de croissance durable. « Le Sénégal entre dans une phase de refondation où chaque franc public doit contribuer à la prospérité collective », conclut une source proche du ministère des Finances. Le cap est désormais fixé : un développement souverain, soutenable et inclusif, au service des générations présentes et futures.

JEAN PIERRE MALOU  

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