« La question de la préservation de notre environnement est au cœur des débats. Et ça, ça passe par l’utilisation des données qui viennent de l’espace. Donc il était tout à fait normal, avec ce forum, de montrer comment nous partons des données pour aller à l’impact. » Ces propos forts de Maram Kaïré, Directeur général de l’Agence sénégalaise d’études spatiales (ASES), ont donné le ton lors du symposium international sur les applications spatiales au service du développement durable.
Organisé à Dakar, ce forum a réuni des experts venus des quatre coins du monde pour discuter de la manière dont les données satellitaires peuvent transformer les politiques environnementales, améliorer la résilience des États africains face aux crises climatiques, et surtout, changer la vie des populations.
À l’heure où l’Afrique subit de plein fouet les effets du changement climatique, les attentes sont immenses. Érosion côtière, déforestation, pêche illégale, surveillance des ressources naturelles : les défis sont aussi nombreux qu’urgents. Pour Maram Kaïré, la réponse se trouve dans l’espace.
Le forum a donc permis de mettre en lumière des expériences concrètes : du suivi côtier en Afrique du Sud à la gestion forestière au Kenya, en passant par la surveillance maritime au Sénégal, chaque pays a partagé ses bonnes pratiques, dans un esprit de coopération continentale. « Ce qui est solutionné au Kenya peut aider le Sénégal à résoudre d’autres problèmes. »
Le Sénégal, un acteur qui monte dans l’espace africain
Le Sénégal, avec son littoral de plus de 700 km menacé par l’érosion, place les enjeux environnementaux au cœur de sa stratégie spatiale. L’ASES travaille actuellement sur une constellation de satellites dédiée notamment à la surveillance maritime, un outil crucial dans un contexte où la pêche illégale, la sécurité des plateformes pétrolières et la déforestation posent de sérieux problèmes.
L’ambition est claire : positionner le Sénégal comme un pôle régional en matière de technologies spatiales. L’organisation de ce symposium témoigne de cette volonté de faire du pays une plateforme d’innovation et de coopération scientifique sur le continent.
Mais pour transformer les ambitions en réalité, Maram Kaïré souligne deux défis majeurs : la maîtrise technologique et le développement du capital humain. « Si nous formons des jeunes et qu’ils partent à l’étranger sans retour, cela ne nous aide pas. Il nous faut des infrastructures locales et un transfert de compétences. »
L’objectif est donc de renforcer les capacités locales, en formant des ingénieurs, des analystes, des techniciens capables non seulement de collecter les données satellitaires, mais aussi de les exploiter efficacement, de les transformer en services, et de concevoir des solutions sur mesure pour les États africains.
Au-delà des échanges scientifiques, le symposium se veut concret : il doit déboucher sur une feuille de route claire, avec des recommandations et des outils directement applicables par les États africains.
Ce forum démontre une chose essentielle : le spatial n’est plus une affaire de grandes puissances. Il est aujourd’hui un outil accessible et essentiel pour relever les défis du développement durable en Afrique.
OG










