
Alors qu’un nouveau chapitre de l’histoire du football féminin africain s’ouvre, le Sénégal s’apprête à participer à la toute première Coupe d’Afrique des Nations de futsal féminin. Il s’agit d’un moment charnière pour un sport en quête de reconnaissance sur le continent. Parmi les équipes ambitieuses engagées dans cette aventure, le Sénégal s’impose comme un sérieux prétendant, emmené par un duo d’entraîneurs profondément ancré dans le football sénégalais : Mamadou Lamine Mboup, entraîneur principal de l’équipe féminine de futsal, et son adjointe, Aïssata Seyck.
Toutes deux issues du football à 11, elles comprennent les exigences de la compétition de haut niveau. Aïssata Seyck, ancienne capitaine des Lionnes de la Teranga, a marqué l’histoire du football féminin sénégalais avant de se reconvertir dans l’entraînement. Son expérience et son leadership naturel sont des atouts précieux pour cette nouvelle aventure. À ses côtés, Mamadou Lamine Mboup, ancien international sénégalais, met à profit son expérience de jeu et son expertise tactique pour bâtir une équipe compétitive, capable de rivaliser avec les meilleures du continent. Dans cette interview exclusive, elles partagent leurs réflexions sur les défis de cette première CAN, leur vision du développement du futsal féminin en Afrique et les obstacles auxquels leur équipe est confrontée.
Que pensez-vous de votre participation à la première Coupe d’Afrique des Nations de Futsal Féminin ?
Aïssata Seyck : C’est un immense honneur pour moi. J’ai été internationale pendant près de 10 à 15 ans avec l’équipe nationale de football à 11, et aujourd’hui, pouvoir représenter mon pays dans une autre discipline me remplit de fierté.
Mamadou Lamine, comment décririez-vous Aïssata comme votre assistante ?
Mamadou Lamine Mboup : C’est une personne très intelligente. Elle a rapidement saisi les spécificités du futsal, notamment ses aspects techniques et son intelligence tactique. Elle sait transmettre les aspects techniques du jeu aux joueurs.
Aïssata Seyck : C’est une nouvelle expérience pour moi, car j’ai toujours été entraîneur principal. Mais j’apprends beaucoup aux côtés de Coach Mboup. C’est une figure majeure du football sénégalais, et je découvre avec lui des aspects plus avancés du travail technique et tactique.
Vous venez tous les deux du football à 11. Quelle est, selon vous, la principale différence entre le futsal et le football en extérieur ?
Mamadou Lamine Mboup : Le futsal ne laisse aucun répit ! Contrairement au football à 11, où l’on peut parfois se permettre de ralentir, ici, tout va très vite. Les transitions sont constantes et l’intensité est bien plus élevée. C’est un jeu où la rapidité d’exécution et la précision sont primordiales. Un joueur qui excelle en futsal peut très bien réussir en football à 11 grâce aux qualités techniques qu’il développe.
Aïssata Seyck : Oui, je suis tout à fait d’accord. Le futsal est beaucoup plus axé sur la technique que le football à 11. On retrouve des similitudes dans les jeux à effectif réduit, mais ici, tout est amplifié : les décisions sont plus rapides et l’espace est plus restreint, ce qui exige une grande maîtrise technique.
Comment collaborez-vous sur le terrain dans vos rôles respectifs ?
Mamadou Lamine Mboup : Notre collaboration repose sur une grande cohésion. Nous travaillons ensemble sur les aspects techniques et la préparation des joueurs. Chacun apporte sa spécialité. C’est une relation fluide, comme des frères siamois qui avancent dans la même direction.
Aïssata Seyck : Exactement. Je travaille beaucoup avec lui sur les aspects techniques. C’est lui qui prend les décisions finales, mais il me consulte souvent. Il y a un vrai échange entre nous, et c’est ce qui rend notre duo complémentaire.
Mamadou Lamine Mboup : Je tiens également à lui dire que je lui fais entièrement confiance. Quand je lui donne des exercices à mettre en œuvre, elle les exécute parfaitement. Nous avons une approche harmonieuse où chacun contribue à l’ensemble.
Quel est votre souhait pour le développement du futsal féminin en Afrique ?
Mamadou Lamine Mboup : Nous souhaitons que le futsal se structure et se développe dans tous les pays africains. Ce sport existe sur le continent depuis longtemps, mais il n’a jamais été véritablement organisé. Pourtant, dès l’enfance, de nombreux jeunes Africains pratiquaient déjà une forme de futsal dans la rue, sur de petits terrains avec des buts de fortune.
Aujourd’hui, l’Uruguay, l’un des pionniers du futsal, a montré la voie, et il est temps que l’Afrique suive son exemple. Avec une organisation adéquate, des ligues nationales bien structurées et de réels investissements, le futsal pourrait attirer un large public et concurrencer le football local.
D’ailleurs, les Jeux Olympiques de la Jeunesse de 2026 au Sénégal ont inscrit le futsal à leur programme. C’est une occasion en or de structurer ce sport et de lui donner l’élan qu’il mérite. Le Sénégal doit saisir cette chance, d’autant plus que la première Coupe du Monde féminine de futsal est prévue en novembre-décembre de cette année.
Que signifierait pour vous votre participation à cette Coupe du monde ? Quel impact cela aurait-il pour le Sénégal ?
Mamadou Lamine Mboup : Ce serait un immense exploit ! Un grand défi nous attend. Cette CAN est la première du genre en futsal féminin africain, et nous avons la responsabilité de bien représenter notre pays.
Si nous remportons cette première édition, nous pourrions écrire l’histoire en devenant la première nation à voir son nom gravé sur le trophée. Ce serait également une qualification directe pour la Coupe du monde et une immense fierté pour le Sénégal.
De plus, si nous y parvenons, le Sénégal remportera des titres continentaux dans toutes les disciplines du football : beach soccer, football à 11 et futsal. Nous serions le premier pays au monde à réaliser un tel exploit !
Nous savons que nous avons des joueurs talentueux, prêts à rivaliser avec les meilleures équipes du continent. Et si nous nous qualifions pour la Coupe du monde, pourquoi ne pas viser encore plus haut et rêver d’un titre mondial d’ici la fin de l’année ?