« Dans beaucoup de communications au sujet des crues actuelles du fleuve Sénégal, il est dit que ce sont les lâchers du barrage de Manantali de l’OMVS qui sont à l’origine de la montée des eaux dans le bassin de ce fleuve.
Il faudrait rappeler que le barrage de Manantali est installé sur le fleuve Bafing. Il a un réservoir de 11 milliards de mètres cubes. L’eau qui arrive est ainsi stockée sur plusieurs années parce que c’est un barrage pluriannuel. Ce stockage a évité depuis 1986 d’avoir les crues récurrentes qui étaient observées auparavant.
Cette eau est turbinée pour faire de l’électricité qui est livrée aux trois pays. En cas de crues exceptionnelles comme cette année, nous sommes obligés pour des raisons de sécurité, aussi bien pour les ouvrages, notamment le barrage, que pour les populations de faire des lâchers qui se font à travers des vannes disposées sur l’ouvrage.
Ce fleuve sur lequel agit Manantali va rencontrer un autre fleuve, le Bakoye, dans la ville de Bafoulabe au Mali. C’est à cet endroit que naît le fleuve Sénégal qui continue son chemin et sera rejoint par un autre affluent, la Falémé et même par d’autres petits cours d’eau.
Donc le débit total observé dans le bassin du fleuve Sénégal sera la somme des débits des fleuves Bafing, Bakoye, Falémé et autres eaux de ruissellent issues des pluies observées en territoire mauritanien, malien ou sénégalais (bassin versant) pour arriver dans le fleuve Sénégal.
Donc dire que les lâchers de Manantali sont à l’origine de la crue sur le fleuve Sénégal est un peu exagéré car l’action du barrage de ce fleuve Bafing ne permet de contrôler que près de 40% de l’ensemble des eaux qui convergent vers le lit du fleuve Sénégal.
L’OVMS est en train de mettre en œuvre d’autres projets de barrages comme Gourbassy et autres qui permettront de réguler le fleuve, en plus du barrage de Diama qui se trouve, lui, non loin de St Louis.
D’après nos renseignements, ce genre de crue exceptionnelle n’a pas été observé depuis 1961. Nous faisons tout pour assurer la sécurité des populations, mais aussi de l’ouvrage lui-même. Si jamais les lâchers ne sont pas faits lorsque la cote d’alerte est atteinte, cet ouvrage qui a coûté très cher pourrait même céder (on ne le souhaite pas) et provoquerait une onde de crue qui pourrait arriver très loin dans les terres.
Heureusement, nous avons vérifié que tous les organes de sécurité du barrage comme les vannes sont fonctionnels, qu’ils jouent pleinement leurs rôles et nous surveillons cela de très près.
L’OMVS de même que les ministères en charge de l’Hydraulique des quatre pays de l’OMVS sont à pied d’œuvre avec des cellules de crise en rapport avec nos États et suivent la situation avec attention. Il faut rappeler que c’est aussi la même chose qui est observée en Guinée, au Mali, en Côte d’Ivoire, sur d’autres fleuves où tous les barrages ont ouvert les vannes. Nous observons une baisse des lâchers à Manantali depuis 72 heures et si la situation continue ainsi sur la Falemé et le Bakoye et qu’il n’y a pas de fortes précipitations dans la région, cela soulagerait les populations de la vallée rapidement ».
Abdoulaye DIA
DG SEMAF/OMVS – Manantali (MALI)