
A la suite de l’atelier sur la création du cadre d’échange sur la désinformation et le discours de haine tenu les 13 et 14 février dernier, le consortium composé de l’ONG3D, du COSCE et du GRADEC dans la cadre de son programme ‘’Saxal Jamm’’ a organisé hier, mardi 29 avril, pour deux une autre rencontre vise à rendre opérationnel le cadre grâce à la mise en œuvre d’un plan d’action permettant d’élever les normes de l’information, de protéger la démocratie, et de favoriser un environnement médiatique sain et équilibré, fondamental pour le bien-être et le développement durable de notre société, a-t-on indiqué.
L’idée de mettre sur pied ce cadre est parti selon le consortium de la société civile, du contexte national caractérisé par la persistance des tensions entre les acteurs politiques mais également par l’envahissement de l’espace médiatique par ce qu’il est convenu d’appeler communément les « chroniqueurs et influenceurs » au niveau des chaines de télévisions et chaines You Tube.
C’est dans ce cadre qu’« Il est venu maintenant le temps d’agir et il est également le temps de coordonner la lutte entre les différents acteurs afin que naisse un vaste front de lutte contre ce fléau de notre époque », a expliqué Ababacar Fall, secrétaire général du Gradec, membre du consortium.
Dans cette initiative le consortium s’est appuyé sur tous les leviers culturels, sociaux, religieux et institutionnels, « Nous avons estimé qu’en nous retrouvant ensemble comme organisations de la société civile, nous aurons une portée importante qu’en développant de façon sectorielle et partielle des actions de lutte contre la désinformation », ajoute pour sa part Moundiaye Cissé, président de l’ONG3D.
Partenaire et soutien de la société civile dans ce front contre la désinformation, Christophe KASAS, représentant de l’Union Européenne, faisant part de la lutte contre la désinformation comme étant une priorité pour l’UE, indique que « La désinformation menace directement la confiance des citoyens dans les institutions, fragilise la démocratie et nourrit l’instabilité sociale. »
Dans ce cadre, « Agir contre la désinformation, c’est donc défendre la démocratie, renforcer la résilience des sociétés et susciter un développement stable et inclusive », a souligné M. Kasas.
Pour sa part, Matar Sylla, directeur de Cabinet du président du CNRA a lui appelé à combattre la publication récurrente volontaire ou involontaire d’informations erronées ou susceptibles de constituer un danger sur la cohésion sociale. Selon lui, « Les fléaux que constitue la désinformation, la manipulation et le discours de haine n’ont jamais autant occupé une place de soi dans la presse, sur la toile notamment avec la profusion des sites d’information en ligne. »
« De telles pratiques si on n’y prend garde, peuvent être source de drames aux conséquences incommensurables », a fait savoir M. Sylla.
Qui plus est, estime que « Cette situation préjudiciable à la stabilité de nos pays est donc, lourdes de menaces sur les populations, voire même sur les relations de bon voisinage entre nos Etats, nécessite des réflexions et la mise en œuvre de stratégies et mécanismes pour faire face. »
Saluant l’engagement du consortium, Moustapha Diouf, Directeur adjoint de la communication a quant à lui évoqué le travail de restructuration du que mène le ministère de la communication dans le secteur des médias. D’après lui, « L’objectif de cette restructuration-là c’est de lutter contre la désinformation. Lutter pour avoir des informations fiables, intègres, vérifiées, travailler ensemble pour avoir la cohésion nationale. »
Il faut noter que l’Afrique de l’Ouest est la région la plus touchée d’Afrique par la désinformation, avec 72% de désinformation formellement identifiée, soit 40% au total africaines.
Ainsi, à l’image de ce qui se passe ailleurs, les fausses informations prennent de l’ampleur dans l’espace public au Sénégal, avec l’accentuation et l’avènement des réseaux sociaux et autres plateformes numériques.
D’ailleurs, lors des élections présidentielles de mars 2024, la mission d’observation électorale de l’Union Européenne a souligné des cas de de manipulation de l’information dans les réseaux sociaux et une absence de coopération entre les autorités nationales et les plateformes dans un but de sécurité le scrutin.
Ousmane GOUDIABY