Agriculture biologique: le Sénégal invité à s’inspirer de l’exemple tunisien

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(APS) – Des acteurs de l’agriculture biologique ont invité, jeudi à Thiès, les pouvoirs publics à s’inspirer du modèle tunisien, considéré comme le champion d’Afrique de l’agriculture biologique.

A l’initiative de la Fédération nationale de l’agriculture biologique (FENAB), des organisations de producteurs, de la société civile et des techniciens du ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural se sont rendus en Tunisie, du 1-er au 4 juin 2022, pour s’inspirer du modèle tunisien.

Lors d’un atelier national de restitution des résultats de ce voyage, ils ont invité le gouvernement à s’inspirer de l’expérience tunisienne.

 »Plus de 20% des exportations agricoles de la Tunisie sont certifiés biologiques », selon un rapport produit au terme de cette visite.

Leader en Afrique en termes de superficie de terres biologiques, la Tunisie est passée de 16.000 ha en 2001 à 135.000 ha en 2020. Sur la même période, le nombre d’acteurs (producteurs, commerçants, etc.) a bondi de 296 à 7.200. Quelque 138 milliards de FCFA ont été engrangés, en termes de devises, en 2020, selon le même document présenté à des ONG et organisations de producteurs, notamment.

La Tunisie a commencé à développer l’agriculture biologique depuis les années 1984, selon René Emmenegger, chef du projet Projet de renforcement organisationnel de l’agriculture biologique au Sénégal (Probio), développé, par l’IFOAM, la Fédération international des mouvements d’agriculture biologique, en collaboration avec la FENAB.

Après le retour en 1996 de techniciens de l’administration tunisienne de la foire Biofach, organisée annuellement en Allemagne, le parlement tunisien avait voté une loi encadrant le sous-secteur.

Des techniciens se sont investis pour que l’agriculture figure en permanence sur l’agenda du ministre.

L’année  2010 est considérée comme décisive dans la pratique de l’agriculture biologique dans ce pays méditerranéen.

Elle avait coïncidé avec la création de la Direction générale de l’agriculture biologique (DGAB), une structure comptant deux agents techniques dans chacune des 24 régions du pays, pour encadrer les producteurs dans l’agriculture biologique.

La Tunisie a actionné plusieurs leviers pour booster cette forme d’agriculture sans engrais chimiques. Il s’agit, entre autres, de travailler sur l’offre et la demande, sur la formation, la certification, la concertation, la subvention des producteurs.

Pour Amadou Kanouté, secrétaire exécutif de la Cicodev,  le cas tunisien est une  »source d’inspiration ». Contrairement au Sénégal où le processus a été entamé par des organisations paysannes, dans ce pays, ce sont des  acteurs institutionnels qui en ont été les initiateurs, a souligné Kanouté..

La  »chance » du Sénégal est que le gouvernement en place veut aller vers une transition agroécologique, et est ’’ouvert à la proposition citoyenne », a noté M. Kanouté qui estime, de ce fait que  »l’environnement est propice » à la promotion de l’agriculture biologique.

Pour René Emmenegger, le Sénégal a des opportunités dans ce domaine, avec le soja, le sésame, l’arachide, la mangue. Le Togo, premier exportateur bio en Afrique de l’Ouest, mise surtout sur le soja très prisé en Europe, a-t-il dit.

Parmi les pistes esquissées pour le Sénégal, il a été recommandé de développer l’expertise bio dans le secteur public. La recherche du savoir, de la technicité, le renforcement des laboratoires, l’incitation des entreprises à aller vers le bio mais aussi le soutien à ces entreprises figurent dans la palette de mesures préconisées.

Évoquant les efforts de l’Etat, notamment, qui subventionne depuis deux ans les intrants biologiques, Ibrahima Seck, coordonnateur de la FENAB, a relevé qu’  »il reste encore beaucoup de choses à faire ».

Après avoir été partagées, les leçons apprises  de cette visite qui avait permis à la délégation de rencontrer des acteurs institutionnels et des opérateurs privés, seront remise aux pouvoirs publics, a-t-il annoncé.

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