Tchad: les nominations des membres des organes chargés d’encadrer les élections font polémique
Le président de transition Mahamat Idriss Déby a signé coup sur coup lundi et mardi trois décrets portant nominations des membres du Conseil constitutionnel et de l’ANGE, l’Agence de gestion des élections, qui doivent encadrer les élections générales prévues avant octobre prochain. L’opposition est vent debout contre des institutions totalement dominées, selon elle, par l’ancien parti au pouvoir MPS et ses alliés. Le gouvernement lui assure que les principaux opposants sont partis prenants de ce processus.
Des figures qui symbolisent le pouvoir MPS, le parti de Idriss Déby Itno qui a dirigé le Tchad pendant plus de 30 ans, ou encore des membres de partis qui accompagnent la transition dirigée par Mahamat Idriss Deby depuis le décès de son père en avril 2021… Plusieurs opposants dénoncent aujourd’hui une ANGE, l’organe chargé des élections, composée de personnalités « aux ordres » du pouvoir.
« Les deux commissions auxquelles nous avons vraiment cru n’ont pas été désignées suite à un large consensus, déplore le président du Pret, Théophile Bongoro. Je crois que la garantie de transparence et d’impartialité que nous voulons attacher à ces élections est mise en doute. »
Comme à son habitude, le porte-parole du gouvernement de transition a réagi sans langue-de-bois. Pour Abderaman Koulamallah, ceux qui s’agitent aujourd’hui « n’ont pas la légitimité pour parler au nom de l’opposition ».
« Qu’est-ce qui leur permet de parler au nom de l’opposition ? Nous, nous avons consulté les personnes légitimées soit par le suffrage universel, soit par la réalité du terrain. Et on ne peut pas dire que les gens qui représentent monsieur Kebzabo, monsieur Pahimi, monsieur Masra,d’autres opposants, ne sont pas légitimes pour diriger l’ANGE… »
L’opposition, elle persiste et signe. « Ce processus biaisé va déboucher sur une grave crise post-électorale », prévient Max Kemkoye de l’UDP, alors que Yaya Dillo du PSF appelle à « la mobilisation » pour contrecarrer « un plan de confiscation du pouvoir par la fraude ».
RFI