Lutte contre les incendies dans les marchés : quand le désordre résiste aux six (6) mesures de l’Etat

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Les incendies dans les marchés ont repris ces derniers jours. Après Pétersen (Dakar) en début de semaine dernière, plusieurs cantines et commerces du plus grand marché de Ziguinchor a été réduits en cendre, par les flammes, avant-hier mardi. Et pourtant, en 2018, face à l’ampleur du phénomène, qui avait fini de ravager nombre d’établissements marchands, l’Etat avait décliné six (6) mesures urgentes à mettre en œuvre pour en finir avec ce problème.

Après Touba où deux incendies ont réduits en cendre plusieurs installations du marché Ocass, dans un intervalle d’environ 20 jours, le 19 janvier et le 12 février 2023, Tambacounda où les flammes ont consumé les économies de beaucoup de commerçants du marché centrale, la nuit du vendredi 18 au samedi 19 août dernier aux environs de 04h du matin, avec des pertes estimées à plus de 650 millions de FCFA par le secrétaire général du Comité de gestion du marché, Youssoupha Babou, ce sont des commerçants et autres marchands et tabliers de Dakar et Ziguinchor qui ont vue, ces derniers jours, tout ou presque leurs investissements anéantis par des feux de marché. Alors que les causes et le bilan des dégâts et pertes du énième violent incendie qui s’est déclaré au parc du marché Petersen, la nuit de lundi 27 à mardi 28 novembre, vers 1h, restent encore à déterminer, c’est le plus grand marché de Ziguinchor, le marché Saint Maure, qui a pris feu, avant-hier mardi matin. Bref, rien de nouveau, ce genre de sinistres est déploré chaque année dans différents marchés, appelant à la diligence de l’Etat.

En effet, les incendies à Dakar et dans les régions du pays, ont inquiété l’autorité au point que des décisions soient préconisées. En Conseil des ministres du 19 septembre 2018, le président de la République, Macky Sall, après avoir exprimé sa vive préoccupation face à la récurrence des incendies dans les marchés du Sénégal, avait rappelé à ses ministres, les directives qu’il avait données «pour une prise en charge préventive, urgente et durable» d’une situation qu’il avait qualifié d’«intolérable». Le président de la République avait demandé au Premier ministre de tenir, dans les meilleurs délais, un Conseil interministériel sur la modernisation des marchés et de lui présenter, dans le courant du mois de novembre de la même année, les mesures d’urgence appropriées, ainsi que le programme de modernisation des marchés envisagés sur l’ensemble du territoire national.

UN PROGRAMME DE MODERNISATION DES MARCHÉS ANNONCÉ POUR 69 500 000 000 F CFA

Cette rencontre interministérielle fut tenue le mercredi 20 mars 2019. Au sortir de celle-ci, six (6) mesures d’urgence ont été annoncées. Il s’agissait principalement d’un programme d’installation des bouches d’incendie dans les marchés, pour 300 millions      F CFA.  Il a été aussi retenu la finalisation du Programme de modernisation des marchés pour 69 500 000 000 FCFA. Les ministres avaient aussi convenus de la consolidation du cadre institutionnel et de gestion des marchés.  Dans le lot des mesures annoncées,  il y’avait aussi l’évaluation exhaustive du nombre de sinistrés des trois derniers marchés victimes d’incendie (les marchés Petersen, «Ocass» et Ross Béthio).  Les ministres avaient aussi trouvé nécessaire l’accélération des procédures de reconstitution et de modernisation des marchés Sandaga, Petersen, Ndoumbé Diop de Diourbel, Tillène de Ziguinchor, Syndicat et Thiaroye de Pikine, et les marchés de Tambacounda et Kaolack. Dans le cadre du projet BRT (Bus Rapid Transit), ils avaient demandé de veiller à ce qu’il n’y est pas beaucoup d’impacts sur les marchés identifiés sur le tracé de ce transport de masse.

Le programme de modernisation des marchés a connu un début de mise en œuvre. Lancés en 2018 pour un coût global de 500 millions de francs CFA, les travaux de réhabilitation du marché Ndoumbé Diop de Diourbel,  ont permis la réalisation de 118 cantines et 313 étales et infrastructures connexes, pour une capacité d’accueil de plus de 700 commerçants. Les travaux de réhabilitation du marché Tillène de Ziguinchor ont débuté. Différentes dates, ont été annoncées pour sa réception, qui tarde encore. Le marché de Syndicat de Pikine est, quant à lui, toujours désordonné et toujours pas encore mis à neuf. Le marché de Thiaroye est dans un manque d’organisation, en dépit de la construction de plusieurs cantines et d’autres qui attendent encore finition depuis des années. Les échanges et commerces sont toujours d’actualité a Petersen, en dépit des travaux du BRT qui ont fortement impacté la zone. La modernisation annoncée n’y a pas encore fait tâche d’huile.

ENTRE DÉSORDRE, INSTALLATIONS ANARCHIQUES, BRANCHEMENTS CLANDESTINS… DES MARCHÉES CONTINUENT DE BRÛLER

D’ailleurs, force est de rappeler que lors du Conseil des ministres qu’il a présidé, le mercredi 11 janvier 2023, le président de la République, Macky Sall, a engagé le Premier ministre, Amadou Ba, à faire prendre toutes les dispositions requises en vue d’accélérer la mise en œuvre du Programme de modernisation et de gestion des marchés (PROMOGEM), enjoignant le ministre de l’Intérieur, (alors Antoine Félix Abdoulaye Diome) à veiller à la fonctionnalité et à la mise aux normes des dispositifs de protection civile dans les marchés et espaces commerciaux. En attendant l’effectivité de ces mesures édictées, entre désordre, installations anarchiques, branchements clandestins, entre autres, des marchées du pays «peuvent» continuer de brûler, au grand dam des commerçants et populations.

Fatou NDIAYE

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