Le mondial de Tata : le tajine (Baba Diop)

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Tata était aux fourneaux. Tons se pourléchait déjà les babines. Le bouquet des épices venues d’Orient   embaumait les alentours, se répandait dans la rue, flattait l’odorat du voisinage. Le Maroc en Rambo Africain, dans cette coupe du monde, montrait de quel bois il se chauffait disait Tata. Elle disait aussi que le bois d’argan était du solide. Tout ceci était mis en chanson par Tata. Elle était heureuse dans sa cuisine. De temps à autre, elle entrebâillait la porte et du bout de la louche faisait gouter à Tons la sauce. Tons de rouler des yeux de plaisir.

Après l’entrée des Lions de l’Atlas dans le carré des finalistes, Tata disait avoir vu en songe cette victoire contre le Portugal. Ce dimanche ci, Tata hissa sur le mat de sa maison l’étendard chérifien. Elle dressa  une table toute marocaine : Couscous au Quorn, poulet aux olives et fines herbes, tajine aux olives, tajine aux artichauts, chachlik d’agneau   sans oublier le ragout de Mouton aux pommes de terre. Du manger à gogo, ce qui rameuta les mange-mil, les hirondelles de cocktail, et autres mangeurs à tous les râteliers. Le bouche à oreille avait fonctionné.  Les porteurs de pancarte « Je suis Maroc » firent leur apparition. Ce fut une bagarre d’empoigne pour accéder à la table. Dans la bousculade Tons perdit son dentier. Et on entendit une voix d’annoncer ! « Ku mom dentier bi, cinq mille francs la kay wetié ko » et Tons de chuchoter « Ak sutura »

BABA DIOP

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