(APS) – Le Sénégal peine, jusqu’en 2023, à positionner le digital de façon transversale dans toutes les constructions économiques et sociales, a constaté l’administrateur général de Gaïndé 2000, Ibrahima Nour Eddine Diagne, administrateur général de Gaïndé 2000.
‘’Ce qui a manqué, c’est un déphasage entre les compétences africaines en matière de digital et le positionnement du digital dans les politiques publiques’’, a-t-il indiqué dans une interview accordée au journal dakarois L’As-Quotidien.
Il explique que le digital était toujours considéré comme un secteur alors que c’est un élément ‘’transversal’’ qui peut nourrir tous les secteurs. ‘’Nous avons un retard consommé en matière de transformation digital parce que dans nos pays, nous continuons à faire la plupart des activités économiques et sociales avec les éléments du papier’’, a souligné M. Diagne, estimant qu’il sera »assez difficile » de réduire cet écart.
‘’Si on prend l’exemple du Sénégal, nous avions une stratégie 20-25 qui doit arriver à échéance dans deux ans alors qu’en 10 ans, nous n’avions même pas eu le temps de poser le cadre de pilotage de cette stratégie’’, révèle-t-il, soulignant que cela montre qu’il y a un déphasage entre la vitesse d’évolution de cette dimension et la capacité de pouvoir se l’approprier.
‘’Par ailleurs, dit-il, il est important de dire que nos partenaires au développement ne nous laissent pas de la marge pour avoir nos propres constructions.’’ Selon lui, à travers le digital, un Etat peut accélérer son développement en respectant certaines normes.
‘’Si le digital est pris comme une matière à part, cela va nous coûter cher’’, insiste-t-il avant d’ajouter : ‘’Si on doit réfléchir digital pour éducation, réfléchir digital pour santé, pour sécurité de façon fractionnée, nous n’allons pas avoir une construction qui va être cohérente et qui n’aura pas la valeur ajoutée attendue’’.
Ainsi M. Diagne suggère qu’il faut des assises pour ‘’positionner’’ la compréhension du digital parce que, selon lui, »nous sommes dans un défi de volonté’’. Il insiste sur le fait qu’il reste à faire malgré les avancées. ‘’Tout ce qui lie le citoyen à l’Etat n’a connu aucune transformation digitale ; quand vous allez dans les grandes administrations, elles sont à l’intérieur digitalisées mais leur relation avec le citoyen peine à atteindre ce niveau’’, informe-t-il.
Il avoue tout de même que des experts comme lui sont mis à contribution. ‘’Mais il n’y a pas une construction cohérente et du coût, tous les efforts qui sont produits ne se traduisent pas en des résultats concrets’’, déclare-t-il, ajoutant : »Il faut régler la question de l’identité digitale car si dans chaque administration j’ai une identité différente, on ne peut faire une construction cohérente’’.
Il prend pour exemple un jeune qui, selon lui, peut avoir 5 financements à l’insu de tout le monde car il n’y a pas un système d’information unifiée pour cela. Mais l’administrateur général de Gaïndé 2000 reste ‘’persuadé’ que du côté de l’Etat il existe plus un défi de compréhension qu’un manque de volonté.