Le 3e âge dans la campagne électorale pour la présidentielle de 2024

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D’ici peu, le Sénégal vivra un moment fort de son histoire : l’élection du 5e Président de la République. Dans une totale liberté d’esprit et en tant que membre de la Communauté des Ainés que nous avons rédigé cette réflexion intitulée « LE 3e age dans la campagne electorale pour la présidentielle de 2024 » dans le but de faire du 3e Age une préoccupation majeure des postulants à la magistrature suprême.

Nous avons voulu lancer un message aux différentes parties engagées  dans la course présidentielle, et tenter de persuader les uns et les autres sur la force que pourrait représenter le 3e âge dans les joutes électorales, à venir !

Après avoir dépeint d’une couleur défraichie la situation des personnes du 3e âge et nous avons décrit les conditions précaires de leur existence, et nous avons tenté de rappeler quelques réalisations faites en leur faveur, mais qui se révèlent extrêmement imparfaites.

Pour conclure, nous avons décliné un ensemble de recommandations et de propositions pour une amélioration sensible de la situation des personnes du 3e âge. Nous pensons humblement, que tout candidat à la magistrature suprême devrait s’approprier le contenu de ce document et en faire un thème de campagne prioritaire.

Tout individu, homme ou femme, concerné ou sensible aux conditions de vie des personnes du 3e âge, peut s’approprier ce plaidoyer, et, à sa guise l’amender, ou le compléter.

Dans la société traditionnelle, le « vieux » bénéficie de considération et inspire le respect, son rôle est aussi de rester au foyer et d’aider les mères dans l’éducation des petits.

La société actuelle, obsédée par l’avoir et l’activisme a une conception négative et méprisable de la personne âgée.

LE DICTON wolof « Mag matna bayyi ci réew » le rappelle : « La personne âgée est le pilier de la société !»

D’après les projections de l’Agence nationale de la statistique de la démographie  en 2023, la population du Sénégal est projetée en 18.275.743, dont 9.184.886 de femmes et 9.090.857 d’homme.

. Les personnes âgées de 60 ans et plus ne représentent que 3,8 % de de la population sénégalaise. Parmi ces personnes âgées, seules 30 % bénéficient d’une « couverture sociale » répartie entre l’Institut de Prévoyance de Retraite du Sénégal (IPRES) et le Fonds National de Retraite (FNR).

Les membres de ces deux entités sont soumis à des conditions de vie précaires qui en font des rebuts de la société. De nombreuses doléances ont été posées aux autorités et plus particulièrement au Président de la République, dont les réponses données sont très en deçà des espérances.

A titre de rappel :

  • La revalorisation conséquente des pensions de retraite et l’application effective de l’article 29 de la Loi 08 – 2002 qui stipule « les pensions et rentes de toutes natures sont valorisées dans les mêmes proportions chaque fois qu’il est procédé à une augmentation générale des traitements et salaires du secteur public.
  • La prise en charge entière des frais d’auscultation, d’analyses et d’examens médicaux
  • La prise en compte des personnes du 3e âge dans le programme des 100 000 logements.
  • L’affectation totale à sa veuve, de la pension du retraité décédé.
  • La Réforme du Fonds National de Retraite et la création d’une caisse de Solidarité
  • L’octroi d’une Indemnité spéciale permanente contre la Vie Chère.
  • La poursuite de la valorisation des pensions de retraite FNR jusqu’à l’atteinte des 50% d’augmentation
  • La création de groupements d’achats subventionnés par l’Etat au bénéfice des Retraités FNR.
  • La prise en charge totale des frais d’analyse, de radiographie, de scanner et d’hospitalisation des retraités du FNR

La Constitution de la République du Sénégal dispose que « l’Etat et les collectivités publiques ont le devoir de veiller à la santé physique et morale de la famille et, en particulier des personnes handicapées et des personnes âgées. »

 

En plus de la Constitution, on peut citer :

  • le décret n◦ 2008- 381 du 7 avril 2008 instituant un système d’assistance « sésame » en faveur des personnes âgées de 60 ans et plus.
  • L’arrêté ministériel n° 664 en date du 8 février 2007 portant création et fixant les règles d’organisation et de fonctionnement du Projet d’Appui à la Promotion des Ainés (P.A.P.A).

L’Etat du Sénégal a consenti de gros efforts en direction des populations, dont la tranche 3e âge est une grande bénéficiaire. Il s’agit entre autre du Programme National de Bourses de Sécurité Familiale ou la Couverture Maladie Universelle dont le Plan Sésame pour les personnes de plus de 60 ans. Malgré tout, les conditions de vie des personnes âgées sont extrêmement difficiles face au renchérissement du coût de la vie et une inflation généralisée de tous les produits de consommation.

La place du 3e âge dans la campagne présidentielle

Dans un livre intitulé « l’Art de réussir sa retraite » Auguste Pythagore déclare que « Réussir sa retraite est un objectif important. Que ce soit sur le plan financier, émotionnel, social ou de la santé, organiser sa retraite de manière efficace peut avoir un impact significatif sur la qualité de vie une fois que l’on quitte la vie professionnelle.

Une retraite réussie repose sur divers éléments, notamment la préparation financière, la santé physique et mentale, l’engagement social, l’épanouissement individuel et la satisfaction personnelle.

Être heureux en tant que retraité implique souvent une combinaison de facteurs qui contribuent au bien-être émotionnel, social, physique et intellectuel.

Vivre pleinement à la retraite signifie aussi s’ouvrir à la création de nouvelles amitiés et à l’approfondissement des relations existantes, qui offrent un soutien, du réconfort et de la compagnie. En se concentrant sur ces divers aspects, les retraités peuvent développer un sentiment de plénitude et d’accomplissement personnel. Vivre pleinement n’est pas seulement une question de faire plus, mais aussi de ressentir plus – de joie, d’amour, et de satisfaction dans les interactions quotidiennes et les réalisations personnelles ».

Le 3e âge mérite plus de considération de la part des autorités, dont certaines ont atteint le statut de personnes âgées, mais n’en ressentent pas les effets directs du fait de privilèges liés à leurs fonctions antérieures ou actuelles.

Au même titre que la Jeunesse, dont l’Etat se fait le défenseur des droits à l’Education, à la Formation et à l’Employabilité, tout comme les Adultes, hommes et femmes, qui sont les moteurs du développement économique et les leviers indispensables de l’Emergence, l’Etat a un devoir de reconnaissance vis-à-vis du 3e âge pour services rendus à la Nation, et une grande responsabilité dans la survivance des dignitaires, des sages et des régulateurs de la société.

Il n’est pas courant de voir dans le programme de campagne d’un candidat à la Présidentielle, des passages relatifs aux personnes âgées, avec des références à leurs conditions difficiles de vie et des promesses d’amélioration de leurs situations par des mesures idoines et énergiques.

La voix du 3e âge doit se faire entendre au cours de la campagne électorale de 2024 pour une prise en compte effective de cette tranche importante de la société sénégalaise par les postulants à la charge suprême !

C’est là l’objectif recherché par cette réflexion qui se veut un moyen de conscientisation et de persuasion des deux parties en faction : les électeurs et les candidats.

Il s’agira de convaincre les premiers (les électeurs) sur la force qu’ils représentent dans le collège électoral à partir des statistiques officielles. (8% de 17 millions d’habitants = 1 360 000 votants).

Quant aux seconds (les postulants), ils devront manifester leur intérêt pour le 3e âge et inscrire dans leur programme de campagne des actions en leur faveur en cas de victoire.

RECOMMANDATIONS ET PROPOSITIONS

Les personnes du 3e Age, citoyens sénégalais à part entière, méritent à bien des égards que les candidats à la magistrature suprême leur accordent une place prééminente dans leur programme de campagne et s’engagent à mettre en œuvre les recommandations suivantes :

 

  1. Faire du 3e Age un vecteur incontournable dans la définition des politiques publiques sociales, économiques, éducatives, sanitaires et culturelles.
  2. Proclamer la reconnaissance de la Nation pour les personnes âgées de tous bords, et leur accorder des facilités d’accès dans les évènements et les activités gouvernementales. La migration vers la Présidence de la République de la structure en charge des Personnes du 3e âge serait de bonne augure.
  3. Mettre en place un nouveau système d’organisation de la Retraite au Sénégal, qui allierait la coordination, la cohérence, l’expertise, et l’implication des pensionnés dans la structure de prise de décisions.
  4. Définir des quotas de postes à responsabilité limitée pour les personnes âgées disposant de capacités ou d’expériences pratiques dans les structures relevant de l’autorité de l’Etat.
  5. Améliorer et renforcer les systèmes actuels d’accompagnement et de suivi des personnes âgées. Accorder une prime contre la Cherté de la vie.
  6. Créer une Fondation Nationale des Personnes du 3e Age pour la prise en charge effective des besoins sanitaires et sociaux des « séniors » en vue de l’édification de structures d’accueil adaptées : centres régionaux et départementaux de Gériatrie et Gérontologie, case des retraités,
  7. Réduire les inégalités de traitement et les discriminations entre les Retraités de l’IPRES et du FNR et envisager une réunification des deux systèmes.
  8. Elargir le Programme National de Bourses de Sécurité Familiale à toutes les personnes âgées, chef de famille et garantir sa pérennisation.
  9. Rendre plus effectif et concrétiser la valorisation des pensions de retraite FNR et IPRES jusqu’à l’atteinte des 50% d’augmentation
  10. Procéder à la création de groupements d’achats subventionnés par l’Etat au bénéfice des personnes du 3e âge. /-

Présentée par Alain Claude MONTEIRO

Retraité FNR / Matricule : 81 58 74 / G / Année : 2010  

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